Appel à panels et communications
AU-DELÀ DE L’EUROPE : L’étude des religions dans des mondes interconnectés
Le XXIIIe Congrès mondial quinquennal de l’Association Internationale d’Histoire des Religions (IAHR), organisé par l’Université Jagellonne et la Société Polonaise pour l’Étude des Religions, se tiendra à Cracovie, Pologne, du 24 au 30 août 2025.
Le concept de «religion» et la discipline consacrée à son étude ont été tous deux conçus en Europe et exportés hors d’Europe. Le processus d’exploration de l’«altérité» a contribué à la formation des identités européennes.
Comment ce processus complexe a-t-il influencé la manière dont les chercheuses et chercheurs ont conçu le concept de «religion» et perçu les cadres de l’étude des religions en Europe et dans le monde? Il existe une longue tradition de penseurs et d’universitaires qui ont mené une réflexion sur «l’Autre». Une lecture critique de leurs travaux nous a permis de repenser l’orientalisme, la colonisation et la décolonisation sous de multiples perspectives. Ces développements contribuent à la mondialisation de l’étude académique des religions en développement constant.
En même temps, maint·e·s universitaires ont fait preuve d’un intérêt sincère à transcender les frontières géographiques, ainsi que celles entre discours culturels et mondes sociaux. Leur démarche dépasse le simple postulat d’un Autre significatif et vise à élargir la connaissance de l’être humain, passé et présent, en tenant compte des différences et des points communs dans les modes de vie et de pensée humains. L’objectif du Congrès est d’explorer l’interaction entre ces approches dans les mondes interconnectés du passé et du présent.
Tout en accueillant des contributions sur l’ensemble des sujets qui touchent à l’étude académique de la religion, nous encourageons à soumettre des communications qui explorent le thème du Congrès à partir des perspectives détaillées dans les sections suivantes.
1. Cartographier
l’unité et la diversité de la discipline dans le passé, le présent et le futur
Les sciences des religions ont été conçues en tant que discipline académique autonome dans le cadre des universités laïques d’Europe. L’effort pour comprendre l’«Autre» a eu comme résultat l’étude des religions en tant que phénomènes humains, tant en Europe qu’en dehors. Dans cette section, nous souhaitons explorer la diversité des approches méthodologiques et théoriques élaborées à cet effet. Nous examinerons l’œuvre pionnière de chercheuses et chercheurs européens qui ont contribué à constituer les concepts et méthodes fondamentaux de la discipline. Nous considérerons également ces mêmes sujets tels qu’ils sont pensés dans différentes parties du monde tout en nous interrogeant sur les liens complexes entre le développement de notre identité disciplinaire et d’autres processus historiques, culturels, sociaux, politiques et institutionnels. Que signifie décoloniser les sciences des religions? Un tel objectif est-il atteignable?
2. Comprendre
le concept de «religion», ses usages et ses contextes
D’après plusieurs chercheuses et chercheurs, les catégories fondamentales des sciences des religion (y compris «religion» et «religions du monde») ont été conçues dans le monde occidental moderne après la Réforme en réponse à des processus historiques et politiques spécifiques. Est-ce réellement le cas? Dans cette section, nous souhaitons étudier les concepts clés de notre discipline et de leurs enchevêtrements politiques, culturels, sociaux et historiques. En outre, nous souhaitons examiner des manières alternatives et indigènes de conceptualiser des constellations que des chercheuses et chercheurs désignent habituellement par le terme de «religion».
3. Relier
le particulier et l’universel
Le développement dynamique des «études régionales» (area studies) a influencé les sciences des religions. Comment pouvons-nous envisager les liens entre l’enracinement contextuel spécifique de nos données et les approches plus généralistes? Quelle est la contribution des cas d’étude empiriques à une réflexion générale au sujet de la «religion»? Comment pouvons-nous étudier la vie religieuse en pratique? Le développement et la différenciation des sciences cognitives des religions posent des questions semblables en lien avec la culture et la cognition. De quelle manière les processus cognitifs partagés par tous les humains interagissent-ils avec des apprentissages culturels tant implicites qu’explicites pour générer différentes visions du monde et modes de vie religieux et non-religieux?
4. Franchir
les frontières : approches et méthodologies
La riche diversité de perspectives méthodologiques en sciences des religions pourrait mener à la conclusion qu’il n’existe pas de méthode propre à notre discipline. Dans cette section, nous souhaitons examiner de manière critique les méthodes à la fois classiques et nouvelles dont disposent les chercheuses et chercheurs en sciences des religions. Cela nous amène, par exemple, à nous interroger sur les différences entre les méthodes en sciences des religions et celles d’autres disciplines qui se penchent également sur la religion. Que signifie travailler de manière transdisciplinaire ou interdisciplinaire? Comment pouvons-nous embrasser et/ou remettre en question l’éthos interdisciplinaire des sciences des religions? De plus, avec l’idée de «au-delà de l’Europe», nous voulons ouvrir un espace pour discuter des approches et méthodologies élaborées en dehors du milieu académique occidental. Le «dialogue» entre les sciences des religions et les catégories émiques, ainsi que les méthodologies indigènes, peut-il contribuer à notre recherche? Ou est-ce qu’un tel «dialogue» brouille-t-il les contours d’une étude académique des religions?
5. Interpeller
la recherche et l’échange de connaissances
Les sciences des religions sont de plus en plus liées aux politiques identitaires, à l’activisme social, aux débats sur le déséquilibre du pouvoir et de l’autorité, aux questions de genre et, plus récemment, aux préoccupations environnementales et climatiques. Dans cette section, nous souhaitons nous pencher sur des approches comme celles-ci qui sont souvent rattachées à une approche académique engagée ou militante. De quelles manières des chercheuses et chercheurs en sciences des religions peuvent-ils et elles contribuer à résoudre des problèmes sociaux et politiques et s’investir dans des activités éducatives et de vulgarisation? Faudrait-il chercher à modérer ou contrer le tournant identitaire? Ou bien éviter toute forme d’engagement?
6. Mettre en relation
religion, culture et société
Les sciences des religions ont abandonné la conception de la religion comme un phénomène sui generis. À la lumière de ce changement de paradigme, les chercheuses et chercheurs dans notre discipline sont appelé·e·s non seulement à élaborer de nouvelles conceptions de la religion, de la spiritualité et de la laïcité, mais également à les relier à d’autres domaines de la vie sociale et culturelle. Dans cette section, nous voulons débattre des formes d’interaction entre les personnes, groupes, institutions, discours et objets «religieux» ou «spirituels» et les processus socioculturels tels que la migration et l’urbanisation, les réalités de la vie telles que la marginalisation et l’assimilation, et les sphères fonctionnelles telles que la politique, l’art et l’économie.
Nous avons hâte
de vous voir
à Cracovie